Le monde du marketing en ébullition avec ChatGPT, le nouveau chabot d’OpenAI.
Tout le monde n’a que ces deux petits mots sur les lèvres. Avec un Million d’utilisateurs en cinq jours à l’ouverture du système, ChatGPT est un énorme succès. Entre fascination et inquiétude, le robot conversationnel fait couler beaucoup d’encre. Certains y voient la fin du métier de rédacteur, d’autres, au contraire le considèrent comme un outil permettant un substantiel gain de temps mais ne remplaçant pas le flair, l’instinct et l’imagination du journaliste. D’autres enfin considèrent qu’OpenAI crée un formidable champ d’opportunités en ouvrant la voie de l’intelligence artificielle aux métiers du marketing.
ChatGPT, comment ça marche ?
ChatGPT (Generative Pre-trained Transformer) s’appuie sur le modèle de langage GPT-3. Le robot conversationnel, entraîné sur de grandes quantités de données textuelles avant d’être mis en ligne, peut désormais comprendre les questions complexes des utilisateurs et y répondre de façon précise dans un langage très proche de celui d’un humain en français et en anglais. A l’état de prototype, ChatGPT continue à apprendre et s’enrichir des innombrables tests que font les utilisateurs depuis cette date.
Pour bien utiliser le ChatGPT, il est important de lui fournir des prompts précis. Un prompt est une phrase ou une question qui sert de point de départ pour la conversation. Par exemple, si vous voulez lui demander de vous donner des informations sur un produit, vous pouvez utiliser un prompt du type “Je cherche des informations sur ce produit”. Plus vos prompts seront de qualité, plus les réponses seront pertinentes. Sur la toile, on trouve déjà quelques ressources intéressantes de prompts (ou invites) dont vous pouvez vous inspirez pour affiner les vôtres :
Le prompt est le cœur de votre requête. Les paramètres quant à eux, vont permettre de cadrer la réponse. Ils sont accessibles via l’API d’OpenAI. Ces options jouent un rôle important dans le résultat obtenu.
temperature : obtenir des réponses prévisibles, utilisez une valeur basse ; à l’inverse, une valeur élevée donnera des réponses plus créatives.
max_length : utiliser ce paramètre pour définir la longueur des réponses ; utile pour ajuster le niveau de détail des résultats.
top_p : contrôler la proportion de réponses les plus probables ; plus c’est élevé, plus les résultats seront probables.
top_k : pour contrôler le nombre de réponses considérées par ChatGPT ; plus c’est élevé, plus les réponses seront diversifiées.
ChatGPT, quelles utilisations pour le marketing digital ?
ChatGPT présente plusieurs opportunités pour les acteurs du marketing digital. Il peut être utilisé pour :
- Générer du contenu
- Automatiser les tests d’applications
- Générer des bouts de code
- Obtenir et classer des informations détaillées sur un sujet
- Potentiellement améliorer le SEO (à vérifier)Ccréer des chabots pour les entreprises etc.
Ne serait-ce que sur la génération de contenu, ses possibilités sont nombreuses :
- Trouver des idées de sujets sur une thématique
- Identifier les problématiques d’une cible sur une question
- Trouver des mots-clés,
- Lister des arguments
- Générer des titres
- Ecrire des méta-description etc.
Quelles sont les limites de ChatGPT ?
Il faut bien le reconnaître, Chat GPT présente des capacités de calcul étonnantes. Toutefois, d’un point de vue strictement technologique, ChatGPT reste un assistant numérique générateur de langage similaires à d’autres modèles existant depuis de nombreuses années mais qui n’étaient pas connues du grand public (lire l’article de Yann Lecun) . Et comme tous ces modèles, ChatGPT comporte des limites :
- « Le robot rédacteur » génère du contenu en se basant sur d’autres contenus existants : les résultats générés ne sont donc jamais très originaux.
- Les informations utilisées par ChatGPT sont issues d’Internet : elles peuvent donc intégrer des biais ou des erreurs.
- Comme tout modèle de langage naturel, ChatGPT génère des réponses grammaticalement correctes, mais qui peuvent être dénuées de sens. Selon le degré de qualité attendu, des ajustements humains sont la plupart du temps nécessaires.
- Pour répondre à un maximum de requêtes formulées par les internautes, les données intégrées par ChatGPT couvrent de nombreux sujets. Cependant, la connaissance de chaque sujet reste limitée, il ne pourra donc pas répondre précisément à des questions très pointues sur un domaine particulier. Une difficulté qui peut toutefois être contournée en réinjectant de l’information complémentaire et demandant au robot de réfléchir à nouveau.
- Enfin et c’est actuellement sa plus grande faiblesse, Chat GPT s’appuie sur une base de connaissances qui n’a pas été mise à jour… depuis 2021. Une difficulté que Microsoft a saisi au vol pour annoncer tout récemment le début du processus de déploiement de la version améliorée de Bing par ChatGPT. De son côté, Google n’a pas avancé de date pour l’ajout de l’IA Bard à la recherche Google.
Quelles problématiques posent ChatGPT ?
Le lancement de Chat GPT induit un certain nombre de difficultés pour OpenAI et pose certaines questions concernant les générateurs de contenu :
- Ces derniers jours, de nombreux utilisateurs désireux de créer un nouveau compte sur le site de ChatGPT n’ont pas pu le faire en raison d’un encombrement. Le site étant très sollicité, il avait atteint sa capacité en termes d’utilisateurs par session et/ou de charge de requêtes. Afin de limiter les connexions et de monétiser le modèle, ChatGPT a récemment sorti sa version payante au tarif assez dissuasif de 42 $ / mois qui ne devrait finalement intéresser que les pro ! Ce plan « professionnel » permettrait entre autres de ne pas avoir à supporter les pannes de l’application an cas de forte demande et d’obtenir des réponses plus rapides.
- Par ailleurs, une question se pose sur les droits d’auteur des créateurs de contenus ayant servi à entrainer le modèle. Nul doute que de nombreux avocats se penchent déjà sur la manne que pourrait représenter le vide juridique actuel sur lequel repose tous les générateurs de contenu automatiques.
- Et pour conclure sur les limites d’un tel outil, il faut aussi penser aux logiciels de détection de contenu rédigé par de l’intelligence artificielle. OpenAi, elle-même, développe un logiciel capable de détecter si du texte a été généré par son modèle ChatGPT, avec en arrière-plan l’idée de lutter contre le plagiat. Plusieurs logiciels de ce type existent déjà dont DGLTR et GPT zero mais leur capacité à détecter l’IA utilisée par ChatGPT reste à évaluer car plus les modèles de génération de langage s’améliorent, plus la détection est difficile. Alors, jusqu’à quel point ces logiciels seront-ils capables de détecter du texte remanié, voire très remanié ? Rappelons que pour Google, la vocation de l’algorithme Helpful Content est de « prioriser le contenu plus original et utile écrit par des personnes, pour des personnes ». C’est pourquoi Danny Sullivan écrit sur Twitter : « Comme nous l’avons déjà dit lorsque nous avons été interrogés sur l’IA, le contenu créé principalement pour le positionnement dans les moteurs de recherche, quelle que soit la manière dont il est fait, est contraire à nos recommandations. Si le contenu est utile et créé pour les gens d’abord, ce n’est pas un problème » (source).
Et demain, l’IA ce sera quoi pour les métiers du marketing digital ?
L’utilisation de l’intelligence artificielle par les marketeurs ne se limite pas à la génération de texte. Les logiciels de génération d’image sont de plus en plus performants. DALL-E-2 remis en lumière par la sortie de ChatGPT, permet de créer des images réalistes. Jasper Art, Nightcafé, Midjourney sont quelques-unes des meilleurs IA pour générer des images.
A l’heure où cet article est rédigé, une nouvelle course se joue sur la production de vidéos. En septembre 2022, Meta a dévoilé Make-A-Video, une intelligence artificielle capable de concevoir une courte vidéo à partir d’un texte. Phenaki, Imagenvidéo sont aussi dans la course. Pour l’instant, la qualité reste médiocre mais, à n’en pas douter, les progrès iront vite, très vite.
Alors, oui, les marketeurs verront très certainement leurs métiers impactés par l’émergence de l’intelligence artificielle, et oui, l’IA mal utilisée, présente des dangers. Mais ne faut-il pas envisager cette évolution comme beaucoup d’autres ? De nouveaux outils qui permettront de faire plus vite pour se consacrer à plus de créativité ? Jean Viard, sociologue, interrogé sur France Info, a estimé : “Il ne faut pas avoir peur de ChatGPT, ces machines n’inventent pas, mais elles font faire des bonds à l’humanité en vitesse de connaissance” Un point de vue à débattre…